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Écrire en est déjà, et même si bien sûr, cela n’inspire guère, à mon sens rien n’amène à l’écriture si ce n’est écrire.
Attendre une idée, une inspiration divine ou pas, c’est n’attendre qu’une page blanche. Car c’est seulement écrire qui fait la page. C’est du mot que nait l’idée. Pas l’inverse.
De grands auteurs, évidemment, philosophent avant d’écrire dans le creuset de leur pensée, mais la phrase devient le moule où la verser est nécessaire, et où elle prendra réellement forme.
Dans le poème, plus que partout en écriture, l’inspiration n’existe pas. Il n’y a que cette émotion qui passe.
Petit, petit, petit ! La vache, il a foutu le camp ! Disait Queneau, et ce faisant, par la seule force de l’écrit, du mot posé sur la page, il appâtait le poème en formulant sa ferveur à l’écrire.
Chacun porte en soi l’arme nécessaire à cette force spéciale : il s’agit bien évidemment de la langue dont la maîtrise n’est essentielle qu’à l’adulte puisque l’enfant, dans son parler neuf et maladroit, porte si naturellement le poème.
Ecrire. Ecrire, donc ! Et porter sur le front, une mâle assurance ; en chevalier servant la grandeur de la langue, s’engager sur les chemins de conquête en chevauchant la phrase amie avec cette confiance qui est la seule vraie force.
Octobre 2013
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Le douzième
Est rond
C'est évident
A la ligne
Seulement je tourne
Et retourne
N'écris rien d'autre
Que de l'œuf
La rondeur
13
Improviser
Comme cet escalier
Qu'on monte
Et que tu descends
Vite un mot
Puis un autre
Sur la route
De ton parfum
14
Le quatorzième
N'est plus la douzaine
Sauf pour l'enfant
Qui d'huitres
Avait un jour
Mangé
La demi-
quatorzaine
15
Pratique
Pour lister
Les commissions
Les idées
Les commissions
Les amis qu'il faut
Inviter
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J’aime pas dire bonjour, les humains m’emmerdent. Royalement. Et j’ai toujours préféré les croiser sans rien dire que de m’obliger à les saluer.
J’ai cette chance d’habiter à la campagne et de voir peu de monde. Le facteur s’est habitué à ma mine renfrognée. Du coup, à la Noël, il ne passe même plus avec ses fichus calendriers… c’est toujours ça de gagné !
Je ne me suis pas non plus forcé beaucoup pour ne pas saluer le vétérinaire. Ni bonjour, ni au-revoir, signer le chèque est largement suffisant pour mes humanités ! Ce dernier, sans doute vexé de l’accueil que je lui réserve s’est habitué à parler directement au bétail. Et quand il rejoint l’animal dans l’étable, d’un air narquois, en déballant son attirail, il lance régulièrement un salut ma vache dont je ressens toute la raillerie.
Faut-il donc croire que, comme le disait souvent mon frère, quand à la chasse nous traversions une pâture : tu vois frangin, dans un troupeau, il y a toujours une vache qui ressemble au paysan ! En tout cas, la grande vache du fond de l’étable, loin des clichés affables du Salon de l’Agriculture, a toujours l’air renfrogné, ne donnant son lait que si elle le décide, et avec beaucoup d’allégresse te lance sans prévenir, si jamais tu passes trop prêt, sa queue plein de bouse dans la figure !
Ce matin donc, avec beaucoup d’aplomb, la brave Normande… Ah la bonne fille ! Solidaire du patron, au rituel salut ma vache, en lui balançant une magnifique claque à la merde, a rétorqué : j’aime pas dire bonjour !
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