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Adolescence
Dans le sillage de je ne sais plus quelle demoiselle, l'ami décroche un job d'épicier en second à Viller-sur-Mer. A l'issue du séjour, avec le pouce et les convictions de mes dix-sept ans, je le rejoins.
Dans les falaises des Vaches Noires, nous trouvons quelques mètres carrés plats où planter la canadienne. Et, cette nuit, depuis la plage comme du haut de la falaise, la voiture de la gendarmerie, toute bleue dehors, n'y peut rien. Bien en peine de découvrir un passage impossible et de venir éteindre le feu de camp et dépiter les guitares.
Nos nuits, d'ailleurs, sont faites pour un autre monde, et nous ne nous privons pas de le rêver, écoutant Brassens et Ferré en compagnie de deux jeunes rencontrés au village, guère plus louches que nous, mais outillés comme des chefs de chouettes couteaux aux formes retournées qui te tranchent sans états d'âme les cordages oubliés sur le pont des voiliers d'évidemment riches !
Chaque matin, dans un minuscule gonflable aux charmes habituels des embouts plastiques sauteurs, plus anarchistes et aventureux que nous-mêmes, nous rejoignons la ville, vagues en travers, mais intrépidité au plus franc et découvrons au passage les vertus de l'eau de mer sur la vaisselle en aluminium.
Sans plus de doutes que pour le reste, après toutefois maintes discussions, nous envisageons de nous rendre, un de ces jours, à Deauville où, parait-il, à la sortie du champ de courses, ou bien est-ce du casino, pour leurs nuits câlines, de vieilles bourgeoises friquées, embauchent...
Nous qui ignorons tout, et du fric, et des rombières pantelantes, tout justes poilus, encore à demi-puceaux, serons-nous vraiment de bons coups ?
Carnets de l'adolescence (#jamaisécrits)
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Commentaires
Là est la vraie question : serons-nous de bons coups ?
Pour le coup, je n'étais pas plus chaud que cela ! Le copain non plus, sans doute. Les rombières nous attendent encore !